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Conte de Noël... Flammes Jumelles



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Flammes Jumelles

Cela faisait deux ans que j’attendais son retour. Ici, dans notre monde, ce n’était pas naturel : nous nous aimions, c’était vrai, mais les couples se faisaient, et se défaisaient au fil des envies, sans que ce ne soit jamais un problème.

Non que personne ne s’aime vraiment : au contraire, nous nous aimions tous… mais sans préférence.

Ça signifiait que vous n’aviez jamais la sensation d’être unique au monde.

Je soupirais, assise devant ma fenêtre : personne ne comprenait mon attitude. Yegol était sorti de ma vie un beau matin et tout le monde avait souri à son départ, tout comme à son arrivée : il partait ? Je retrouverai un compagnon dès que je le souhaiterai. Drôle de monde qui ne s’attache à personne en particulier…

Yegol était astronaute : il était parti sur cette curieuse planète bleue qui scintillait au loin de mon champ de vision, et nul ne savait s’il reviendrait. Nul ne s’en souciait. Seule moi.

Tout le monde vivait dans une joie perpétuelle, dans une acceptation totale de ce qui était ou n’était pas.

Je faisais figure d’extra-terrestre avec cette idée de manque… Personne n’avait jamais compris mon attitude : depuis l'enfance je marquais des préférences pour les choses ou les gens, ce qui ne ressemblait pas aux caractéristiques des habitants de ma planète.

Une planète emplie d’amour… mais qui aurait pourtant oublié l’essentiel ?... Que chaque personne est unique ?

Mon Yegol… je le sentais au plus profond de mon cœur, de mon être. Je lui parlais, il faisait partie de moi. Il était pourtant parti si brutalement. Un beau matin, plus personne. Je savais qu’on pouvait l’appeler n’importe quand en mission, mais je pensais que nous étions différents des autres, qu’il ne me laisserait jamais aussi facilement. Depuis le début, nous étions en symbiose… Dès que mon regard s’était posé sur lui, j’avais compris qu’il n’y aurait plus que lui. Il était une part de mon cœur, une part de mon âme. Âme… voilà un terme que personne ne saisissait d’ailleurs ici. Pour moi, elle était la vie, ce qui nous animait. Et pour l’instant, je me sentais vide, le cœur serré… Mon autre me manquait… Je soupirais un peu plus fort tout en regardant la neige tomber… ------- Blissa me manquait. C’était un sentiment que personne ne pouvait saisir dans la capsule qui me ramenait sur ma planète. Aucun de mes copilotes. La mission sur terre avait duré deux ans de notre monde, deux jours à l’échelle humaine. Chargés de collecter divers échantillons de la planète bleue et de nous mêler un peu à ces curieuses créatures qui la peuplaient, j’avais découvert un endroit fascinant : ici tout indiquait que les gens affirmaient leurs liens, leurs préférences. Ces désignations : « époux », « ami », « frère », « mère »… Sur ma planète je n’avais même pas de lien spécial avec ma génitrice. Tout ici m’avait troublé. Il y avait clairement des choses à revoir dans ce monde : leur sentiment de possession sur les personnes allait beaucoup trop loin, et les humains semblaient autant capables d’aimer que de détester. Une haine que je ne saisissais pas bien : ce sentiment n’existait pas dans mon esprit. J’avais pourtant choisi de ne penser qu’à la beauté de ce monde, et elle était incroyable. Mes copilotes avaient néanmoins déclaré la planète hostile : trop d’extrêmes dans tout ce qui animait les habitants. Pour moi, elle ressemblait malgré tout au paradis… J’avais foi dans les humains. Tant d’amour ne pourrait finalement que vaincre la haine. Il suffisait d’ouvrir les yeux pour assister à de purs actes de générosité et de douceur. Mes copilotes n’avaient passé leur temps qu’à s’intéresser aux atrocités. J’avais préféré observer ces petits actes d'amour que personne ne voyait et qui signifiait tout : un sourire échangé entre deux inconnus, une vieille dame qu’on aidait à traverser la route, un chien abandonné qui était recueilli… J’aimais ce monde : j’aurais pu y aimer Blissa librement, en affichant ma préférence pour elle. Ce qui aurait semblé fou sur notre planète. Nous étions aussi arrivés dans ces temps que les humains appelaient les fêtes de fin d’année, et j’avais été ébloui par les lumières, la beauté et la féerie qui animaient ce monde magique à l’approche de leur Noel… J’avais aussi ramené quelque chose de particulier : un petit objet caché au fond de ma poche. J’espérais que Blissa me pardonnerait de l’avoir abandonnée sans un mot : j’avais été incapable de lui dire au revoir. Mais elle ne quittait ni mes pensées, ni mon cœur, ni mon âme… jamais, à aucune seconde. Il me tardait de la revoir, dans l’espoir qu’elle n’aurait pas oublié notre amour et ne serait pas redevenue comme tous les autres : insensible à un vrai, à un pur amour… Un amour divin. -------- Je posai mon front contre la vitre glacée : chez nous quand il neigeait, c’était sans interruption pendant plusieurs mois et la température extérieure pouvait y avoisiner les moins trente degrés. Nous étions tous habitués, et cela ne gênait jamais personne : de toute façon la mauvaise humeur n’existait pas dans notre monde, tout était toujours parfait et merveilleux. Je m’étais isolée dans ma maison, et j’avais fui mes congénères. Je devais être la seule habitante sur cette planète à être seule quelque part, nous vivions en communauté et la solitude n’existait pas. Je fermais les yeux : un tel poids pesait sur ma poitrine. Une larme m’échappa et je refrénais les suivantes. Pleurer n’était pas une chose imaginable sur ma planète. Je n’avais même jamais vu personne les yeux humides : j’avais connu l’existence des larmes avec le départ de Yegol. J’ignorais ce que c’était avant ce triste jour. Une légende urbaine dans notre monde. J’entendis soudain ma porte s’ouvrir et ne m’étonnai pas : ici nous entrions les uns chez les autres sans nous annoncer. Pourtant aujourd’hui particulièrement cette habitude m’agaça : je voulais être seule ! Énervée, je me retournai donc vers mon visiteur et me figeai instantanément : deux yeux verts me fixaient. Avec un frisson je reconnus les courts cheveux châtains, et ce corps tant aimé, et tant rêvé. Yegol esquissa un sourire, et afficha un air tout aussi ému que moi. Je m’approchai de lui, et il m’attira dans ses bras pour poser ses lèvres sur les miennes… explosion, feu d’artifice, impossible de décrire une sensation pareille. Il pressa mon dos avec une force folle. Je passais mes doigts dans ses cheveux et ne retenais plus mes larmes : c’était tellement… tout. Le temps se suspendit. Dès que le baiser semblait s’achever, il reprenait et nous aurions pu y passer la vie. Il finit pourtant par se dégager, souriant, une émotion folle au fond de son si beau regard émeraude. Enfin… j’avais la clef pour le décrypter. Il posa la main sur ma joue : - Douce Blissa. Je penchai la tête pour appuyer sa caresse et à nouveau nous perdîmes notion du temps. il finit par poser son front contre le mien et nous soupirâmes à la même seconde. Deux ans de souffrance… tout s’effaçait, les deux faces de notre âme se souriaient. Il saisit ma main : - J’ai un cadeau pour toi. --------- Je vis son regard se troubler, et remarquai enfin les larmes qui coulaient sur son visage : des larmes… je n’en avais vu que sur terre. J’en recueillis une avec mon pouce et lui caressai la joue avant de rechercher dans ma poche ce bel objet symbole d’espoir et de magie. Enfin je le trouvai et posai dans la main de Blissa une belle étoile dorée. Elle se mit à la caresser rêveusement, avant de lever les yeux sur moi, interrogative. Je lui expliquai avec passion : - C’est une étoile de Noel. Les humains les accrochent en haut de leur sapin de Noël. Ça porte bonheur. - Noël, c’est quoi ? - La plus belle des fêtes ! De la magie, des lumières, de l’amour ! Les beaux cheveux noirs de Blissa glissèrent sur ses épaules tandis qu’elle secouait la tête dans un geste d’incompréhension. Je plongeai dans ce beau regard brun qui était tout pour moi : - C’est une fête où tout est possible. Cette étoile avec moi… j’ai ramené sa magie dans mon cœur. Elle sourit, et je posai la main sur sa joue en souriant : - Je veux te l’offrir. Je t’offre un monde… C’est mon cadeau de Noël. Je t’offre mon cœur et une nouvelle vie : sur Terre. - Tu veux qu’on quitte notre planète ? Je hochai la tête avec enthousiasme : - Oui ! La planète bleue est faite pour nous ! Tu vas l’adorer. Qu’est-ce qui nous retient ici ? Tout le monde sera heureux de nous voir partir ! Rester ou pas ne changera rien. Le sourire malicieux qui éclaira le visage de la femme que j’aimais acheva d’illuminer mon cœur, et elle me prit la main : - Alors, viens ! On y va !

Cœur, âme et esprit en accord, Blissa et Yegol prirent une navette ce soir-là et personne ne les revit jamais…

… sur leur planète : car sur Terre c’est une autre histoire ;)



Pour toutes les Blissa et les Yegol du monde...


Joyeux Noel ;)



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