La fin - Deuxième partie

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Elle aurait tant donné pour le revoir. Tant donné pour le toucher, ou même simplement lui parler. Mais il était trop tard. Il se trouvait à l’opposé de la planète, et plus aucune communication ne passait.

Elle allait périr sans le revoir. Elle passerait ses dernières heures à pleurer… Seule…

Elle resta ainsi quelques minutes, prostrée devant sa fenêtre. Puis, tout d’un coup, une lueur la traversa. Elle mit ses chaussures, prit une veste, saisit son sac et quitta précipitamment son appartement. Si précipitamment, qu’elle ne prit pas la peine de fermer derrière elle. Après tout, quelle importance ?

Elle descendit jusqu’au parking, situé au sous-sol de sa résidence. Elle monta en voiture, et démarra en flèche. Ce n’était pas dans ses habitudes de conduire ainsi, mais la montre ne jouait pas en sa faveur. Si elle se débrouillait bien, si elle roulait assez vite, elle y arriverait à temps. Il fallait qu’elle y arrive. C’était la seule et unique chose qu’elle pouvait faire. La seule et unique chose qu’elle voulait faire.

Dehors, il n’y avait personne. Les rues étaient vides. Il n’y avait aucun bruit, mis à part celui du vent qui soufflait. Le tout était glaçant. Une ville morte, écueil d’un monde qui le serait bientôt.

Lorsqu’elle quitta les limites de la ville, Hélène accéléra de plus belle. Elle alla aussi vite que sa voiture le pouvait. Personne ne viendrait lui en faire le reproche. Personne n’essaierait de la stopper. Il n’y avait aucun flic pour cela. Il n'y en avait plus.

La radio ne fonctionnait plus, mais heureusement il lui restait de la bonne musique. Elle inséra sa clé USB, et sélectionna ses morceaux préférés. Elle mit le son à fond. C’était la seule chose qui lui permettrait de tenir, et de ne pas s’effondrer au volant. Et elle chanta. A tue-tête. Autant qu'elle le pouvait.

Tandis qu’elle roulait, les heures défilaient. Haut dans le ciel, la comète avait triplé de volume. Elle ressemblait désormais à une petite lune.

La lune…C’était un soir de clair de lune qu’elle avait rencontré l’amour de sa vie. Elle s’en rappelait comme si c’était hier. Une soirée étudiante banale, qui s’était achevée par la plus belle rencontre de sa vie. Pourtant, ce soir-là, rien ne semblait aller comme il le fallait. Son copain de l'époque, celle qu'elle appelait désormais son ex, l’avait larguée quelques jours plus tôt, elle avait loupé ses partiels, et pour couronner le tout, sa meilleure amie avait abusé sur l’alcool. Elle l’avait alors accompagnée dehors, et avait veillé à ce qu’elle n’en mette pas partout sur ses chaussures.

Elle l’avait rencontré à cette occasion. Était-ce le hasard, ou bien la destinée ? Elle ne savait pas trop. La seule chose qu'elle savait, c'était que lui aussi était sorti au même instant. L’un de ses amis avait également trop bu. Elle se rappelait encore cet homme, vomir dans le caniveau. Elle se remémorait la gêne que semblait éprouver l'homme, son futur mari. Elle avait trouvé ça mignon.

Ces événements similaires avaient rapproché les deux jeunes gens, qui avaient immédiatement sympathisé. Depuis, ils ne s’étaient plus vraiment quittés. Excepté les jours de déplacement professionnel comme celui-ci.

Hélène arriva enfin à destination. Elle stoppa sa voiture en plein milieu de la route, et couru quelques mètres, jusqu'à atteindre une plage. Elle s’écroula alors, soulagée d'y être arrivée. Le sable était froid. Cela n'avait guère d'importance. Si elle devait mourir. Si son existence devait prendre fin aujourd’hui, ça serait ici, et nul part ailleurs. Elle y avait trop de souvenirs. De très beaux souvenirs.

C’était ici que l’amour de sa vie lui avait demandé sa main. C’était encore ici qu’ils avaient célébré leur union. Cela devait donc prendre fin ici.

Elle regarda vers l’horizon, à la recherche d’une lueur, d’un signe, disant que tout ne finirait pas aujourd'hui. Elle ne vit rien. Juste un météore, qui se rapprochait encore et encore.

Elle ignorait totalement pourquoi, mais elle eut soudain l’envie de lever sa main vers le ciel. Elle eut la sensation de caresser le soleil. C’était une sensation agréable. Elle eut l’impression de percevoir son mari, Thomas et que, de là où il se trouvait, il pensait à elle. Elle réussit à sentir qu’il cherchait à la toucher, à l’enlacer. A cet instant, elle se sentit enfin bien. Calme et apaisée. Une légère brise caressa ses cheveux. Elle ne savait comment l'expliquer, mais le courant d'air lui parlait. Elle percevait des mots, une intonation et une chaleur qui lui redonna le sourire. Elle pouvait presque entendre cette voix si familière, si chère à son cœur, celle de son mari, qui lui murmurait ces quelques mots : « Je t’aime ».

Fin