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La fin - Première partie


Rappel du thème :

C'est le dernier jour sur terre. Vous n'avez plus que quatre heures à vivre.

La technologie ne marche plus.

Que faites-vous ?

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La Fin


Ça y est, c’était la fin. Enfin pas tout à fait. Il restait encore un peu de temps. Mais pas beaucoup. Quelques heures à tout casser, guère plus. Bientôt, la Terre ne serait plus que poussière. Un petit grain de sable, un caillou perdu dans le cosmos de l’univers.

Les « collisions stellaires ». Thomas avait entendu, il ne savait trop où, qu’elles étaient responsables de l’émergence de la vie. Que de tels événements cataclysmiques pouvaient également aboutir à de belles créations....Une belle connerie ! La seule chose qui allait se passer, et il le savait bien, c'était que la planète allait mourir. Elle serait bientôt détruite par un météore gigantesque. Aucun scientifique n’était parvenu à stopper sa course. Il allait percuter la Terre dans quatre heures.

« Rien ne se perd, tout se transforme ». C’était ce qu’on prétendait. Pourtant, c’était bien un sentiment de perte qui animait Thomas. La civilisation toute entière allait s’écrouler. Toutes nos réalisations, tout ce que nous avions créé. Tout serait réduit à néant. L’humanité allait disparaître. Ceux qu’il aimait allaient également disparaître. Il allait lui-même disparaître.

Et pire que tout, Thomas allait vivre ces derniers instants seul. Complètement seul. Ses proches étaient si loin. Et impossible de les contacter. Plus rien ne fonctionnait : pas de ligne téléphonique, pas de connexion Internet. Rien. Ce qui avait été, n’était plus. Un black-out mondial des communications, que personne ne cherchait à réparer. A quoi bon ? Il ne restait que si peu de temps. Chacun préférait passer les quatre dernières heures de sa vie avec ses proches. Thomas ne pouvait que les comprendre. Il aurait fait de même, si seulement... Mais on ne refaisait pas les choses avec des "si". Pour lui cette option était exclue. Il était bien trop loin de ses proches, bien trop loin de sa femme.

Pourtant, il avait tout tenté pour rentrer chez lui. Tout pour contacter son épouse. Vraiment tout.

Peine perdue. Dès que les autorités eurent annoncé la triste nouvelle, tout fut coupé. Thomas avait toujours cru que la fin du monde serait bruyante. Il n'en était rien. La fin, c’était le silence. Un silence angoissant, glaçant. Seul, au bord de l'abime.

Il s’assit sur le sol. C’était une belle plage de sable blanc. Le « lieu idéal pour mourir » auraient sans doute pensé pas mal de gens. Mais loin de celle qu’il aimait, les grains de sable lui paraissaient bien moins chaleureux qu’à l’accoutumée.

Il regardait l’horizon. Il n’y avait rien d’autre à faire de toute façon. Juste attendre. Juste penser. Songer à sa vie. Se remémorer son parcours. Avait-il fait les bons choix ? Pas toujours. Il en regrettait certains. Comme celui d’avoir accepté ce déplacement pour le boulot.

En revanche, il ne regrettait aucun des moments passés avec ses amis, ou bien sa femme. Ses pensées l’amenèrent trois ans plus tôt. Loin. Très loin. Sur une autre plage. Il se remémora sa demande en mariage foireuse. Il avait vraiment tout loupé ce jour là. Le stress de l’instant lui avait fait oublier la bague qu’il tenait tant à lui offrir. Au moment de partir, il s’était trompé de sac. Au lieu d’un beau solitaire, il s’était retrouvé à lui tendre une boite de thon. Romantisme zéro. Heureusement, elle avait tout de même dit « oui », et l’instant était resté gravé en lui pour l’éternité.

Il n’avait jamais osé se l’avouer, mais Thomas était bien plus sentimental que ce qu’il prétendait à tout le monde. Peut-être bien davantage que sa propre épouse pouvait le concevoir.

Il croyait également. Ou plutôt espérait. Même s'il n'était pas pratiquant, au fond de lui, il entretenait le secret espoir que la mort n'était pas la fin. Qu'il pourrait revoir ses proches après la mort. C’était nouveau pour lui, mais il se mit à prier. Il pria pour l’immortalité de son âme, et de celle de son épouse, espérant la rejoindre quand tout serait fini. Cela ne pouvait pas se finir ainsi. Pas comme ça...

Il ferma alors les yeux plusieurs minutes. Il n'avait même pas une photo d'elle. Il se mit alors à l'imaginer. Il distingua rapidement les courbes de son corps, ses longs cheveux bruns, et son doux visage. Le temps passa, et les minutes devinrent des heures.

Quand il rouvrit les yeux, l’horizon avait changé. Le soleil commençait à se coucher. Le dernier coucher de soleil qu’il pourrait contempler. Il n'en avait pas vu beaucoup avant. Pourquoi donc ? Pourquoi fallait-il donc attendre que survienne la fin, pour que de simples choses comme celle-ci paraissent si belles ?

Il ignorait totalement pourquoi, mais il eut soudain l’envie de lever sa main vers le ciel. Il eut ainsi la sensation de caresser le soleil. C’était une sensation agréable. Il eut presque l’impression de toucher sa femme. L’impression était si forte qu’il pouvait désormais la sentir contre son thorax. Il pouvait alors la serrer dans ses bras, et lui murmurer les seuls mots qui avaient réellement de l’importance… « Je t’aime »


....


Hélène regardait par la fenêtre. Le jour commençait à peine à percer. C’était un lever de soleil magnifique. Le dernier qu’elle pourrait jamais contempler. Si elle en croyait ce qui se disait, il ne lui restait que quatre heures à vivre. C’était peu. Trop peu pour le perdre à dormir. Trop peu pour le perdre à aller travailler.

Au loin, un étincelant point était apparu dans le ciel. Ce point grossirait inexorablement à mesure qu’il se rapprocherait de la Terre. L’immense comète balaierait tout. Elle, bien sûr, mais également son cher et tendre mari, qui était si loin...


À suivre dans la newsletter du 21 juin...

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